pad thermique en graphite (Note 20 Ultra, à droite).
Le Galaxy Note 20 Ultra chauffe. Or, un Samsung qui chauffe élève les soupçons vu le passé cuisant de la société. Lorsque notre vue éclatée du Galaxy Note 20 a dévoilé que deux Note 20 Ultra sortis tout droit de l’usine pouvaient avoir deux systèmes de refroidissement complètement différents, la plupart des réactions étaient plutôt réservées qu’enthousiastes.
Android Authority, Wired UK, et aussi Les Numériques ont tous remarqué à quel point le téléphone chauffe en cas de téléchargements, jeux ou enregistrements vidéo intensifs. Les journalistes chez Les Numériques ont mesuré jusqu’à 41° C. Combinez cela avec notre découverte que quelques Ultra semblent conjurer la chaleur en doublant le circuit imprimé avec un pad thermique en graphite, alors que d’autres utilisent une chambre à vapeur en cuivre, cela rappelle moins une énigme qu’une tromperie. Tom’s Guide s’indigne d’une telle “omission choquante pour un téléphone à 1300 dollars”. D’après The Verge, voici la différence “qui expliquerait la chauffe de votre téléphone”.
Stop, pas si vite ! Il est important de noter qu’aucun de ces journalistes n’a ouvert son téléphone pour regarder si le système de refroidissement principal était en graphite ou en cuivre. De notre côté, nous n’avons ni pris la température ni testé nos cobayes en usage intensif, nous sommes allés droit à notre but : le matériel. Il semble, pour l’heure, qu’aucun signe extérieur n’indique si on trouve du graphite ou du cuivre à l’intérieur. Ni l’emballage, ni les numéros de série, ni les spécifications, ni la prise en main.
Les observateurs de longue date de Samsung pourraient supposer que la version internationale du Note, munie du processeur Exynos maison de Samsung, dispose d’un système de refroidissement et la version US avec Snapdragon de l’autre, mais ce n’est apparemment pas le cas. Zack Nelson de JerryRigEverything nous dit avoir aussi trouvé des pads en graphite dans son Note International avec processeur Exynos. (Correction du 28 août : Il semble que le téléphone de Zack était en fait équipé d’un SoC Qualcomm, mais une autre source bien placée nous révèle que le choix du système de refroidissement et du processeur ne sont pas liés. Si notre source a raison, la correspondance Exynos-cuivre/Snapdragon-graphite observée jusqu’ici ne serait qu’une coïncidence ou refléterait un changement de production tel que décrit ci-dessous.)
Un téléphone qui chauffe ne surchauffe pas forcément. De plus, le graphène n’est pas une explication pour les problèmes liés à l’appareil Samsung. Si vous sentez que la coque de votre téléphone chauffe, cela signifie probablement que la chaleur du processeur et du processeur graphique est évacuée correctement vers l’extérieur. Or, c’est bel et bien le boulot du graphène.
La situation n’en reste pas moins inhabituelle. Nous n’avons jamais vu un même modèle de téléphone muni de multiples systèmes de refroidissement. Nous avons donc pris contact avec Greg Kramer, ingénieur système thermique et ami d’iFixit, pour lui demander son avis.
“On peut en effet résoudre les problèmes thermiques de ces téléphones foufous de différentes façons,” nous explique Kramer. “Il n’a pas beaucoup de différences en matière de performance entre [les chambres à vapeur] et le graphite. Tant que vous prenez en compte l’espace disponible, vous pouvez échanger les deux.”
D’accord, Samsung est connu pour avoir monté des systèmes de refroidissement avec chambre à vapeur dans leurs téléphones – et avoir fait beaucoup de publicité tout autour. Car, comme nous le savons bien, le refroidissement liquide, c’est juste génial. Vous êtes d’accord ?
Malgré l’engouement, il semble que les ingénieurs de Samsung sont un peu plus pragmatiques que cela. “Il y a beaucoup de concurrence interne,” dévoile Kramer. “Par exemple, ils forment trois équipes d’ingénieurs et chacune doit présenter une solution thermique, entièrement finie et fabriquée. Les trois rivalisent sous tous les aspects, y compris l’analyse des coûts exacts.” Quand vous produisez des dizaines de millions d’unités, c’est extrêmement sensé.
Mais Kramer nous rappelle que les coûts ne représentent qu’un côté de la médaille. “Pour les derniers modèles, le caloduc et la chambre à vapeur ont tous deux réussi à gagner vu le nombre d’appareils vendus. On dit que quand Samsung a utilisé une chambre à vapeur pour la première fois, il a été estimé qu’1 million de téléphones [supplémentaires] seraient vendus à cause de la chambre à vapeur inédite… Apparemment, beaucoup de gens ont apprécié et l’équipe marketing a eu raison. Donc, même s’il est plus cher de produire une chambre à vapeur, vous avez un plus gros volume de ventes.”
Ce n’est pas une surprise. Quand les caloducs ont fait leur apparition dans le Samsung Galaxy S7, nous avons remarqué que le système de “refroidissement liquide” semblait un peu plus banal qu’annoncé par les campagnes marketing.
Le refroidissement par chambre à vapeur présente aussi des inconvénients. Kramer fait remarquer que “malgré leur épaisseur, les chambres à vapeur sont très fragiles lors du montage. Toute ondulation, déformation ou pliure peut la rendre non fonctionnelle. » De plus, “si elles chauffent ne serait-ce que légèrement au-delà de leur limite, elles gonflent comme des ballons. Imaginez ce que cela peut donner avec un téléphone.”
Il est également intéressant de noter qu’il ne s’agit pas du premier téléphone Samsung doté d’un refroidisseur à base de graphite. Au début de cette année, nous avons trouvé un pad en graphite en démontant le Galaxy Z Flip, bien que nous ne l’ayons pas mentionné à ce moment. (Pardonnez-nous, nous étions tellement fascinés par l’écran en verre pliable et le nano-revêtement aux couleurs de l’arc-en-ciel que nous avons complètement zappé l’absence de chambre à vapeur en cuivre.)
Il ne reste plus qu’une question : pourquoi trouvons-nous deux sortes de systèmes de refroidissement en même temps dans le même modèle de téléphone ? Il y a au moins deux hypothèses.
Selon la première, Samsung a recours depuis longtemps à deux sources d’approvisionnement pour de nombreux composants. Si le graphite et le cuivre performent de façon égale et sont interchangeables, il n’y a pas de raison de ne pas utiliser les deux. Comme Ars Technica le fait remarquer, “Samsung est déjà connu pour utiliser des capteurs de caméra Samsung et Sony de manière interchangeable et s’approvisionne souvent en batteries chez deux producteurs. Idéalement, un approvisionnement double n’a aucune importance, car les deux pièces ont des performances très similaires, étant conçues avec les mêmes caractéristiques.”
Une autre possibilité est que “l’équipe” interne graphite de Samsung soit en train de prendre la tête. Jusqu’ici, nous n’avons vu du cuivre que dans un seul Note 20 Ultra, au Cambodge. Les autres, y compris les quatre exemplaires que nous avons démontés dans nos locaux, étaient dotés d’un système à base de graphite, similaire à celui que nous avons vu dans le Z Flip. Kramer avance que la production du Note 20 a peut-être été marquée par un changement en cours de route. Un certain nombre d’appareils auraient été fabriqués et expédiés avant que la solution graphite soit adoptée. D’après lui, “Samsung était à la recherche de solutions pour remplacer la chambre à vapeur alors que la production avait déjà commencé [et a fini par] essayer de changer une production en cours de route. On ne nous a pas dit de quel modèle il s’agissait, mais avec vos infos, je suppose que c’est celui-ci.”
“Au final, je trouve un peu choquant de voir que c’est un tel argument de ventes,” commente Kramer, “mais je ne travaille pas dans le marketing.”
Article mis à jour le 28 août après correction des informations sur les modèles Note 20 vendus en Corée du Sud et retrait des spéculations autour des systèmes de refroidissement du HTC U12+.
Cet article a été écrit par notre rédacteur Jeff Suovanen et traduit par Claire Rapp.
0 commentaires