Vue éclatée de l’Apple Vision Pro – 2nd volet : la résolution de l’écran
Vues éclatées

Vue éclatée de l’Apple Vision Pro – 2nd volet : la résolution de l’écran

Après le tourbillon à plusieurs mains de notre première vue éclatée de l’Apple Vision Pro, nous avons exploré beaucoup, beaucoup plus profondément dans la grotte en verre, sa paire d’écrans, sa myriade de capteurs, ses lentilles, ainsi que sa batterie magnifiquement surdimensionnée. Sans vouloir vous gâcher la surprise, nous avons découvert que les écrans étaient tout bonnement incroyables : l’Apple Vision Pro case plus de 50 pixels dans le même espace qu’un seul pixel de l’iPhone 15 Pro. Oui, c’est vrai !

Les écrans

Apple se vante que les écrans de l’Apple Vision Pro offrent « plus de pixels qu’un téléviseur 4K, pour chaque œil ».  Mais que signifie exactement 4K, ou tout autre K, si près de vos yeux ? Votre téléphone a une densité de pixels bien plus élevée que votre télé, par exemple, et pourtant vous ne pouvez pas distinguer les pixels ni sur l’un ni sur l’autre, dans le cadre d’une utilisation normale. Entrons donc dans le vif du sujet, guidés par notre rédacteur technique en chef Arthur Shi

Tout d’abord, parlons des deux mesures qui importent. Le nombre de pixels par pouce, ou ppp, est facile à comprendre : il s’agit du nombre de pixels entassés sur une surface donnée de l’écran. Il s’agit d’une mesure absolue, basée sur les propriétés physiques de l’écran.

Il y a ensuite le nombre de pixels par degré (ppd). Cette mesure tient compte de la distance qui vous sépare de l’écran. Plus nos yeux sont proches de l’écran, mieux on distingue les pixels individuels. Voilà pourquoi un écran téléphone a besoin d’une résolution plus élevée qu’un écran télé ; et aussi pourquoi un film au cinéma semble parfait, même en 2K. Et l’Apple Vision Pro dans tout ça ?

Pixels par pouce, quand la taille compte

Le module de lentilles de chaque œil est composé d’une lentille pancake, d’un boîtier dans lequel sont intégrées les caméras de suivi des yeux, ainsi que d’un écran. Les écrans sont très probablement fabriqués par Sony, il s’agit peut-être d’une version sur-mesure de leur écran microOLED.

L’écran ne s’allume pas d’un bord à l’autre, nous prenons donc juste la surface allumée de chacun en compte. Celle-ci mesure environ 27,5 mm de large sur 24 mm de haut, soit environ un pouce sur un pouce. Avec un microscope Evident Scientific DSX1000, nous avons mesuré les pixels à 7,5 micromètres (la taille d’un globule rouge). Chaque pixel forme à peu près un carré : un sous-pixel rouge et un sous-pixel vert empilés l’un sur l’autre, avec un sous-pixel bleu de taille double sur le côté. Ainsi, la surface allumée totalise 3 660 sur 3 200 pixels. Soit 12 078 000 pixels entassés sur 6,3 cm² !

Mais les coins sont rognés, ce qui réduit le nombre de pixels. La forme des lentilles étant asymétrique, des triangles de 6,95 mm², 11,52 mm², 9,9 mm² et 10,15 mm² ont été rognés dans les coins respectifs, soit un total de 38,52 mm² de surface inactive. Si on compare ce chiffre à la surface totale d’environ 660 mm², on constate que les coins rognés représentent 5,3 % de la surface totale, ce qui nous fait 11 437 866 pixels visibles par écran. En comptant les deux écrans et une marge d’erreur de notre côté, on arrive aux 23 000 000 pixels vantés par Apple.

Capteur photographique avec superposition d’une capture d’écran, pour montrer la surface utilisée

Divisez ces pixels par la longueur/largeur et vous obtiendrez la valeur ppp (pixels par pouce) qui, comme nous l’avons vu, mesure la densité des pixels. L’Apple Vision Pro atteint le chiffre stupéfiant de 3 386 ppp. Pour reprendre les mots d’Arthur, « c’est du PPP FORMIDABLE (sic) ! ».

Avec autant de pixels, l’Apple Vision Pro a forcément sa place dans la cour des 4K, non ? Eh bien, la résolution horizontale de la dalle n’atteint pas tout à fait les standards de la norme 4K UHD, qui exige 3 840 pixels de large. Bref, il s’agit d’un écran à haute résolution, mais techniquement parlant, ce n’est pas un écran 4K. Ce qui explique pourquoi Apple n’utilise pas ce terme.

C’est certainement l’écran le plus dense que nous ayons jamais vu. À titre de comparaison, l’iPhone 15 Pro Max dispose d’environ 460 ppp, ce qui signifie que vous pouvez faire rentrer environ 54 pixels de l’Apple Vision Pro dans un seul pixel de l’iPhone.

Et que dire de l’iPad Pro 12,9 pouces ? Il affiche 264 ppp, ce qui divise par 12,8 la résolution de l’Apple Vision Pro. Pour une comparaison directe avec un autre casque VR, le HTC Vive Pro arrive à environ 950 ppp (4 896 sur 2 448 pixels), soit moins d’un tiers de l’apple Vision Pro, et le Meta Quest 3 à environ 1 218 ppp. Pas de conclusion hâtive s’il vous plaît, on n’en est qu’au début de l’histoire !

Pixels par degré, une question d’angle

Une densité de pixels élevée ne garantit pas à elle seule une excellente résolution visuelle. Prenons l’exemple d’un téléviseur 4K 65 pouces à la densité de pixels « dérisoire » de 68 ppp. Pourtant, vos films en 4K rendent super bien dessus. Pourquoi ? Parce que vous êtes assis assez loin de la télé, ce qui a pour effet de rapetisser tous les pixels. Plus vous vous éloignez, moins la valeur du ppp importe. Pensez aux écrans géants des stades de football locaux, ils ne sont pas pixelisés pour un sou quand on est assis à l’autre bout des tribunes.

C’est pourquoi les ingénieurs de la réalité virtuelle aiment utiliser une mesure un peu plus sophistiquée pour évaluer la qualité des écrans : la résolution angulaire, mesurée en pixels par degré (ppd). Il s’agit du nombre de pixels horizontaux par degré d’angle de vue, qui permet de comparer des écrans de résolutions différentes, conçus pour être regardés à des distances différentes.

Mais même cela n’explique pas tout, pour diverses raisons :

  • Le nombre de pixels par degrés varie entre le bord et le centre de l’écran.
  • Les lentilles déforment et modifient cette valeur de manière irrégulière.
  • Les vues stéréoscopiques affectent le nombre de « pixels » visibles, ce qui brouille les calculs.
La lentille pancake de l’Apple Vision Pro déforme l’écran, ce qui complique le calcul de la valeur ppd.

En nous basant sur la mesure approximative d’un champ de vue de 100°, nous estimons que l’Apple Vision Pro dispose en moyenne de 34 ppd. À titre de comparaison, un téléviseur 4K 65 pouces vu à une distance de 2 m offre une valeur moyenne de 95 ppd, et l’iPhone 15 Pro Max tenu à une distance de 30 cm offre une valeur moyenne de 94 ppd. Même si la densité de pixels et les dimensions physiques sont radicalement différentes entre l’iPhone et la télévision 65 pouces, leur nombre de pixels par degré est finalement similaire, juste parce qu’on les regarde différemment.

En résumé, l’Apple Vision Pro a beau être doté d’un écran à ultra-haute résolution (en ppp), sa proximité avec l’œil lui confère une faible résolution angulaire.

Dernier exemple : Karl Guttag, un ami d’iFixit, a publié un article expliquant pourquoi il est « ridicule » d’utiliser l’Apple Vision Pro à la place d’un écran de bonne qualité. En gros, lorsque vous visualisez l’interface de votre Mac dans l’Apple Vision Pro, et que vous l’accrochez en l’air devant vous, vous n’utilisez qu’une petite partie des pixels disponibles. Même si les écrans de l’Apple Vision Pro étaient réellement 4K, vous n’utiliseriez qu’une petite surface au milieu, le reste des pixels servant à reproduire la pièce environnante.

Selon Karl, cela donne un écran Mac virtuel au ppd si faible qu’on peut voir les pixels individuels, ce qui n’est pas tout à fait l’expérience d’un écran d’ordinateur de bureau standard. Ainsi, bien qu’on puisse utiliser son Mac dans le monde virtuel, il vaut mieux utiliser un écran 4K ou 5K pour les tâches de précision.

Cela dit, même s’il existe la possibilité de débourser 200 balles pour une énorme housse de transport, l’Apple Vision Pro est bien plus portable qu’un Apple Studio Display.

Les inserts optiques

Porter des lunettes sous un casque VR est loin d’être idéal. Apple propose donc d’ajouter des inserts optiques dans l’Apple Vision Pro. Ces verres de correction sont fabriqués par le célèbre spécialiste allemand de l’optique Zeiss et se clipsent magnétiquement.

Chaque insert est accompagné d’un code d’appariement, bien qu’il ne s’agisse pas tout à fait du même type d’appariement des pièces que celui qui nous donne habituellement l’urticaire. En effet, ce code ne verrouille pas un composant avec un seul appareil. Si vous souhaitez retirer vos inserts de correction de votre Apple Vision Pro et les mettre dans celui d’un pote, rien ne vous en empêche. Il vous suffira de les appairer avec le nouveau casque en saisissant le même code. L’Apple Vision Pro dans lequel ils sont utilisés doit connaître leur correction et se calibrer en conséquence, d’où le petit code QR que vous scannez d’un coup d’œil au cours du processus de configuration.

Néanmoins, il s’agit bel et bien d’un appariement des pièces dans la mesure où un code secret est nécessaire pour installer les inserts, ce qui confère à Zeiss un monopole en béton, du moins pour l’instant. Cela signifie également que toute erreur de frappe ou d’expédition peut rendre vos nouveaux inserts inutilisables, du moins temporairement.

On pourrait penser que l’envoi d’une ordonnance suffirait pour recevoir un Apple Vision Pro calibré avec vos lentilles. Même si Apple fait de son mieux, en l’absence de transparence, impossible d’en être sûrs.

L’Apple Vision Pro présente un autre petit problème pour les porteuses et porteurs de lunettes. Contrairement à certains échos, Apple affirme que des inserts correcteurs sont disponibles pour la plupart des troubles de la vue, y compris l’astigmatisme (ce dont nous n’étions pas sûrs dans le premier volet), de même que des verres à double foyer et des verres progressifs. Mais si vous avez besoin d’une correction prismatique (pour corriger la diplopie ou vision double), vous n’avez pas de bol. Le moyen le plus simple de savoir si votre correction visuelle est prise en charge est d’utiliser l’outil en ligne de Zeiss

Et si le fil rouge de ce casque, c’était que le confort personnalisé est accessible, à condition de suivre la voie officielle ?

La batterie

Selon la logique d’Apple, un appareil complexe nécessite une solution de batterie tout aussi complexe. L’imposante batterie – 200 $ chez Apple si vous souhaitez l’acheter séparément – est à la fois super simple et ridiculement sophistiquée.

Elle ressemble à un gros iPhone de première génération. Son boîtier est taillé dans un seul morceau d’aluminium, et son couvercle s’enclenche à l’aide de solides clips tout le long du périmètre, n’offrant que peu ou pas de jointure à nos outils de levier. Il a fallu se munir d’un marteau et d’un ciseau pour l’ouvrir ! Le couvercle est aussi enduit de colle, histoire de bien faire passer le message : ce truc n’est pas conçu pour être ouvert.

En ce qui concerne les cellules de la batterie, Apple utilise trois cellules de la taille d’une batterie iPhone, empilées les unes sur les autres et branchées en série. Nous avons ressorti une batterie iPhone 15 Plus pour la comparer et constaté qu’elle était légèrement plus petite et un peu plus épaisse.

Les cellules de la batterie Apple Vision Pro sont évaluées à 15,36 Wh chacune, ce qui donne une capacité totale de 46,08 Wh. Cela ne correspond pas tout à fait à la valeur de 35,9 Wh gravée sur le (magnifique) boîtier en aluminium. À première vue, il semblerait qu’Apple soit en dessous de la valeur en watt-heures de plus de 20 %. Apple connaît bien les déboires en matière de durée de vie batterie, il est donc possible que la firme minimise délibérément la charge des cellules pour assurer la longévité de l’appareil – pour la même raison qu’elle vient d’imposer une limite de charge de 80 % à l’iPhone 15 Pro. Ou peut-être qu’elle calcule les watt-heures différemment, en tenant compte des pertes thermiques, ou autre chose.

À gauche : une des trois cellules de batterie et sa puissance nominale de 15,36 Wh. À droite : batterie étiquetée à 35,9 Wh, donc 10 Wh de moins que prévu.

Apple met décidément le paquet sur l’expérience utilisateur avec cette batterie ! Y sont intégrés des capteurs de température et un accéléromètre (qui allume la LED de charge lorsqu’on soulève la batterie, et qui peut même détecter si on la porte sur soi). Si on laisse une batterie dans sa poche pendant deux heures d’affilée, on n’a vraiment, vraiment pas envie qu’elle chauffe.

De même, la batterie délivre une tension de 13 V, non conforme à la norme USB pour répondre aux exigences de l’Apple Vision Pro, ce qui explique en partie le « gros câble Lightning » sur mesure – il sert à éviter qu’on branche accidentellement et fasse griller un autre appareil. Cela explique également pourquoi on ne peut pas brancher le casque à une batterie externe lambda. En fait, la batterie Apple Vision Pro est tellement truffée de technologie qu’elle fait office de bloc d’alimentation en continu et fournit un courant précis et net, même quand elle est branchée à une prise murale.

En somme, on dirait qu’Apple prend les risques liés à l’usure de la batterie très, très au sérieux, plutôt que d’essayer d’embarquer le plus de jus possible. C’est aussi une excellente démonstration de l’intérêt des batteries faciles à changer : pas la peine de faire des folies avec les watt-heures s’il suffit de prendre une batterie de rechange, quand bien même elle coûterait 200 $.

L’identification des puces

Apple a mis en avant la puce M2 et la nouvelle puce R1 de l’Apple Vision Pro lors de son annonce. Mais qu’en est-il du reste ? Par exemple, avez-vous entendu parler de la carte de gestion de charge anormalement complexe de la batterie ? 

Rendez-vous ici pour satisfaire votre curiosité et découvrir toutes les puces de l’Apple Vision Pro.

Les capteurs

Le meilleur atout d’Apple face à la concurrence se situe au niveau des capteurs. Car n’importe qui peut intégrer une série de caméras, un scanner LiDAR et tout le reste dans un casque, mais les capteurs Apple ont une botte secrète : des années d’expérience dans l’analyse, l’interprétation et le brassage de données de capteurs complexes, ainsi que de multiples évolutions dans le design des capteurs.

Vous vous souvenez quand Apple a ajouté le LiDAR à l’iPhone 12 Pro et à l’iPad Pro en 2020 ? Oui, cela permet d’améliorer les photos à faible luminosité, les mesures de distance et les fonctionnalités d’accessibilité pour les personnes malvoyantes. Mais nous avons l’intuition qu’Apple avait autre chose en tête : le capteur LiDAR dans l’iPad Pro a permis à Apple de tester la réalité augmentée dans un contexte aux faibles enjeux, mais de la production de masse, et ainsi de profiter à la fois d’une expertise précieuse et des retours d’expérience du grand public.

Merci à Creative Electron pour ce magnifique scan animé !

La caméra frontale Face ID TrueDepth est un autre brillant exemple des compétences technologiques d’Apple. Les capteurs Face ID sont équipés d’un laser qui projette des points infrarouges sur votre visage, d’un illuminateur infrarouge qui baigne votre visage dans l’infrarouge, et d’une caméra infrarouge qui visualise le tout. Le tout est traité pour créer une carte en 3D de votre visage. Apple est devenue si experte en la matière qu’elle utilise les capteurs Face ID pour scanner vos oreilles et créer un modèle 3D personnalisé, qui adapte l’audio spatial des AirPods à la forme de vos oreilles.

Résultat ? Cartographie des pièces sans avoir besoin de garde-fous. Cartographie des visages pour les Memoji V2 alias Persona (ok, même s’ils font un peu flipper). Et pas besoin de manettes !

Les accéléromètres, et l’interprétation de leurs données, sont une autre spécialité d’Apple. Vous pouvez en trouver dans l’iPhone, dans l’Apple Watch (qui peut détecter une chute et appeler les secours) et même dans le HomePod d’origine. S’il détecte qu’il a été déplacé, le HomePod réécoute la pièce et recalibre le son en conséquence. Les AirPods sont dotés d’accéléromètres qui détectent vos commandes de tapotement. Tout cela nécessite une interprétation pointue des données des capteurs, qu’Apple a toujours mieux maîtrisée au fil des années.

Nous allons peut-être nous intéresser de plus près à ces capteurs, mais ce n’est pas le matériel qui nous intéresse, surtout aujourd’hui. C’est la façon dont Apple a perfectionné la production et la fiabilité de ces capteurs au fil des ans et les a intégrés à un logiciel conçu pour exploiter leur potentiel sans en perdre une miette.

La réparabilité

Déterminer l’indice de réparabilité de l’Apple Vision Pro est tout aussi difficile que calculer la résolution subjective de ses écrans.

Bons points

D’un côté, il y a beaucoup de positif. La batterie Apple Vision Pro est modulaire, il est donc facile de l’échanger contre une batterie complètement chargée ou de remplacer une batterie qui se dégrade après un an ou deux d’utilisation intensive, même s’il n’est pas possible de changer la batterie à chaud sans éteindre le casque.

Les branches latérales sont tout aussi modulaires. Certes, elles abritent les haut-parleurs pratiquement impossibles à déloger, mais le tout est modulaire et se détache à l’aide d’un outil-éjecteur de carte SIM. Le port d’alimentation est intégré à l’une de ces branches, il est donc semi-modulaire. Nous apprécions également les inserts optiques faciles à monter et les caches anti-lumière à fixation magnétique.

« Cette super-modularité – bien qu’il ne s’agisse pas vraiment de composants individuels amovibles, mais plutôt de modules, comme les différentes sangles – fait que même Apple propose des guides pratiques sur son site », remqaque Carsten Frauenheim, ingénieur en réparabilité chez iFixit.

Nous sommes vraiment soulagés de voir que toutes les pièces qui touchent la peau sont facilement démontables, y compris le cache anti-lumière et son coussinet. Lorsque nous évaluons la réparabilité d’un appareil, nous récompensons l’accessibilité des composants consommables et facilement cassables. Ici, on trouve notamment le bloc optique, les écrans et les pièces mobiles pour le réglage de la distance pupillaire du côté de l’œil, et pas derrière la fragile vitre frontale. Il est beaucoup moins risqué de retirer la couche de tissu de ses clips que d’essayer de retirer l’onéreux verre 3D d’un bloc.

Mauvais points

En revanche, accéder aux caméras frontales et aux capteurs, ou à tout ce qui se trouve derrière la vitre frontale, est un véritable cauchemar. Il faut beaucoup de doigté, un pistolet à air chaud et de nombreux outils pour soulever et retirer la vitre en un seul morceau. Bien sûr, si vous perdez l’écran EyeSight en essayant d’entrer par effraction, ce n’est pas la fin du monde. Le véritable danger réside dans les éventuelles fissures de la vitre, qui pourraient bloquer la vue des capteurs situés derrière et les rendre inutilisables.

Notre indice de réparabilité accorde une grande importance aux pièces, comme l’écran et la batterie, qui sont nécessaires au bon fonctionnement de l’appareil. Il est difficile de prétendre que l’écran EyeSight est une pièce essentielle. Mais les capteurs externes sont essentiels, et si vous brisez le verre et les occultez, alors votre casque fringant cessera de fonctionner correctement.

La concurrence

Alors, où se positionne l’Apple Vision Pro sur notre échelle de réparabilité, face aux casques VR de la concurrence ? La comparaison la plus importante est sans doute celle avec les casques Meta Quest 2 et Meta Quest 3, qui dominent à deux le marché de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée (ou réalité mixte) avec une part de marché d’environ 70 %

La réponse à cette question, comme à presque tout ce qui concerne le matériel VR, est qu’elle est compliquée. 

Prenons les Meta Quest 2 et Quest 3 comme exemples. Les deux sont conçus comme un casque frontal qui se fixe avec une sangle remplaçable, tout comme l’Apple Vision Pro. Les casques Meta se différencient de la plupart des autres, parce que ce sont également des appareils autonomes, contrairement à ceux de Valve Index, HTC Vive et PS VR2. Mais les similitudes entre les Meta Quest 2 et 3 et l’Apple Vision Pro s’arrêtent là.

Alors que l’Apple Vision Pro dispose d’une batterie externe, les batteries lithium-polymère des Meta Quest 2 et 3 sont enfouies à l’intérieur de l’appareil. Au point que c’est l’une des dernières choses à retirer dans le cadre d’une réparation extrêmement complexe. Changer la batterie est la réparation la plus probable et la plus courante. Dans cette catégorie, l’Apple Vision Pro gagne haut la main, grâce à sa batterie, à la fois partie intégrante du casque et composant externe.

Tutoriel de changement batterie Meta Quest 2 : 39ème étape et la batterie n’est toujours pas en vue !

Le talon d’Achille de l’Apple Vision Pro, c’est la fragilité de la vitre frontale, combinée à la complexité de l’interface. Imaginez que vous trébuchiez sur le câble de batterie non MagSafe et que le casque tombe sur votre superbe parquet, brisant la belle vitre en verre qui affiche vos beaux yeux.

Les casques Meta Quest Pro et Meta Quest 3.

Même si les capteurs restent tous fonctionnels, ils seront aveugles. Si la vue des caméras externes, des capteurs LiDAR et des émetteurs IR est bouchée par une vitre fissurée, le suivi des mains ne marchera plus correctement. Comme il n’y a pas de manettes (contrairement à la plupart des autres casques VR), toute victime d’une vitre cassée devra s’en remettre à des fonctions alternatives comme la commande vocale.

Les Meta Quest 2 et Quest 3 sont beaucoup plus résistants. Tout d’abord, la coque extérieure est en plastique, donc beaucoup moins fragile. Les caméras sont logées dans leur propre encoche sur le boîtier, constituant ainsi un module complètement séparé du reste du casque, ce qui facilite les réparations et les changements. 

Comme l’Apple Vision Pro, le Meta Quest Pro dissimule ses caméras et ses capteurs sous le plastique frontal, mais celui-ci est maintenu en place par des clips qui se détachent simplement, ce qui permet de les réparer facilement et à moindre coût.

L’indice

Lorsque nous attribuons un indice de réparabilité, nous choisissons les composants à évaluer, en fonction de ce que nous observons dans la même catégorie de produit. Mais le monde de la VR est tellement à la pointe du progrès que tout, de la conception extérieure aux moyens de navigation de base, varie considérablement d’un appareil à l’autre et d’une génération à l’autre.

Par exemple, nous avons longuement discuté de la façon de traiter l’absence de manettes Apple Vision Pro. Pour d’autres casques VR, nous avions pris en compte la facilité avec laquelle on pouvait changer les batteries et les boutons des manettes. Devons-nous nous attendre à ce que les manettes se fassent rares à l’avenir ? Le Meta Quest 2 reste le casque VR le plus répandu sur le marché et le restera probablement pendant quelques années, en raison de son prix accessible. En revanche, l’Apple Vision Pro (et son interface intuitive) devrait donner le ton aux futurs casques.

Cela représente un défi pour nos indices de réparabilité, car concilier le matériel « low-tech » d’aujourd’hui avec les capteurs complexes calibrés en usine de demain nécessite un compromis. D’une part, nous devons tenir compte du matériel dominant actuellement le marché, et de l’autre, veiller à ne pas pénaliser injustement la technologie intuitive des futurs casques VR de demain.

Bon, assez philosophé pour aujourd’hui ! Que vaut donc ce bijou de technologie ultra-dense et coûteux sur le plan de la réparation ? Bien qu’il nous manque encore des éléments pour attribuer une note définitive, nous avançons avec confiance un indice provisoire de 4 sur 10.

Le mot de la fin ? C’est fou de voir un appareil Apple aussi complexe avec une batterie remplaçable. Oui, c’est un bloc d’alimentation et oui, c’est cher. Mais au bout du compte, Apple a sciemment développé un appareil aux pièces remplaçables. C’est énorme ! Le niveau est vraiment très bas, mesdames et messieurs, il existe encore des casques VR sans coussinets remplaçables. Alors, est-ce que nous aimerions que la batterie soit dotée de cellules remplaçables ? Bien sûr. Est-ce prometteur pour une première initiative d’Apple ? Idem.

Vision du futur

Nous n’avons pas encore fini de tester l’Apple Vision Pro sous toutes ses coutures. À l’heure actuelle, Chayton Ritter, ingénieur stagiaire chez iFixit, a étalé le câble de batterie propriétaire d’Apple sur une planche à pain et tente de déterminer les remaniements électroniques nécessaires pour que l’Apple Vision Pro accepte les batteries externes.

Nous nous sommes également occupés d’échanger les pièces de deux casques à la recherche de l’ennemie jurée d’iFixit, l’appariement des pièces. Rien de concluant pour l’instant, mais nous serions ravis de connaître votre expérience et poursuivons notre enquête.

L’avenir de la réalité mixte n’est peut-être pas encore là, heureusement. Avec des achats éclairés, nous pouvons encourager les fabricants à produire de meilleures technologies. Responsabiliser les fabricants vis-à-vis de leurs produits, c’est s’assurer que la réparabilité soit intégrée dès les premières étapes du processus de conception et dans la mesure du possible. Nous espérons que, le jour où ces gros casques seront réduits à une fine paire de lunettes, la réparabilité ne sera pas une simple touche finale, mais un principe de design fondamental. Si les lunettes connectées sont vraiment l’avenir de la technologie, il faut partir sur de bonnes bases !

Cet article a été traduit par Claire Miesch.